« Parlay »-vous français ? 3 – Combat juridique et futilité

La parole, un combat juridique

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Dans notre pays de liberté d’expression, quasi-sacrée, la parole est au cœur des enjeux. Louis IX tenait audience sous son chêne, aujourd’hui on la tient dans les prétoires, mais est toujours majoritairement basée sur la parole. Il faut comparaître, argumenter, débattre, plaider, La parole est mesurée, jaugée, pesée : il est question de droit de parole, de temps de parole, de libérer sur parole. Le recours au ouï-dire (hearsay) n’est pas considéré comme valide : la parole doit être portée directement. La parole est à la défense, à l’accusation.

Dernièrement, on entend que « la parole des femmes a été libérée », un grand pas en avant. Mais pour combien de temps ? Et comment éviter le lynchage médiatique et le tribunal populaire, les forums, la place publique qui s’exprime plus fort que les juges de métier ?

De même, le harcèlement sexuel, l’incitation à la haine raciale, le harcèlement moral sont légiférés. Mais comment prouver des paroles ou des actes sans témoin tiers ? On en revient à « sa parole contre la mienne »…

La parole, une futilité ?

Notre pratique quotidienne de la parole l’a banalisée. Son caractère ordinaire lui donne une coloration de futilité, que l’on dénigre avec désinvolture, ou dont on méjuge la portée. Il en va ainsi de ce que recouvre toutes ces jolies expressions que nous avons : bruits de couloirs, conciliabules, messes basses, échanges à mots couverts, conversations de machine à café, causeries, causette, parlote, papotage, « radio-moquette » : ça jase drôlement !

Et, lorsque l’on est un « moulin à paroles » ou une « pipelette », on se retrouve souvent puni pour « bavardage » ! La parole appartient alors au « maître » ou à la « maîtresse », les sachants : la parole des élèves n’est pas la bienvenue lorsqu’elle n’est pas sollicitée.

Mais également de la légèreté et du côté parfois trivial des jeux de mots, brèves de comptoir, calembours et autres contrepèteries, dont notre fierté est toute chauvine.

Refaire le match, ce sport international préféré des non-sportifs, c’est tout simplement en parler, en discuter, éventuellement ergoter. Et pourquoi pas durant autant de temps, si ce n’est plus, qu’on a mis à regarder ledit match.

Parfois, on se méfie tout de même des belles paroles, des beaux parleurs, du qu’en dira-t-on, des on-dit, racontars et rumeurs.

Car au final, toutes ces formes de paroles, si futiles en apparence, sont en fait des signaux faibles, officieux, « à voix basse », auxquels il est bon de prêter l’oreille. Des signaux qu’une information claire fera le plus souvent taire, en coupant court aux interprétations voire affabulations.

A vous la parole !

Rendez-vous dans un mois pour le prochain épisode.