La parole, une médiation
Lorsque l’on donne un discours, une conférence, to give a speech : on se place non plus dans la violence, mais dans le Partage. On donne de soi : la parole se fait alors médiation, véhicule et lien.
Elle sera essentielle pour rétablir un dialogue entre gens qui « ne se parlent plus », « ne s’adressent plus la parole ». Il s’agit de réparer la colère ou l’indifférence en créant des ponts entre les êtres par les mots, l’expression du ressenti. Reconstruire un cœur à cœur au-delà des rancoeurs.
Pour réparer les esprits, psychothérapie et psychanalyse passent avant tout par la médiation essentielle de la parole.
La parole permet aussi de représenter ou de recommander une personne à une autre, lorsque l’on « parle pour untel » ou que l’on se propose de « lui parler de toi ».
Les poètes donnent la parole aux objets, aux choses, aux paysages dans une médiation amoureuse : « tout me parlait d’elle ». Plus prosaïquement, cette médiation se retrouve dans l’expression de compréhension « ça me parle ».
Et pour aider quelqu’un à aller mieux, lorsqu’on le voit souffrant ou soucieux, on va lui demander de « dire ce qui ne va pas », de « nous parler ».
La parole, un enjeu politique et business
Dans ce cadre, la parole relève des signaux forts, officiels, « à voix haute ». Elle présente un enjeu, contrairement à la parole quotidienne. Il s’agit des pourparlers, des discours (surtout ceux du Président), des conférences ouvertes ou de presse… mais aussi des oraux, des jurys, des entretiens annuels, des réunions.
On engage de l’argent par la force de l’oral : au poker il s’agit de faire parole, dans les enchères d’avoir la parole ou de passer parole.
En anglais américain, notre « parler » français est devenu en lui-même un enjeu business. A l’origine, a parlay était notre pourparler : une congrégation de parties en vue d’une négociation. Aujourd’hui, to parlay est devenu tout simplement transformer des ressources initiales en un succès.
Alors que to talk (cold) turkey sera tout simplement une négociation, dans laquelle on sent bien la dimension très concrète et orientée efficacité.
Les parieurs américains ont été encore plus loin : ils ont fait du parlay un pari à enjeux multiples, avec, si toutes les hypothèses de pari sont atteintes, de plus gros gains à la clé.
Et ne dit-on pas chez nous : « langue d’or » ou « parler d’or », de quelqu’un qui parle bien et convainc son auditoire, transforme sa parole en or ?
A vous la parole !