Je rêve d’une app…

Picto_Talent_AURATORIA_negLe classement mondial des réseaux sociaux évolue doucement, et une mise à jour vient de tomber*. Sans grosses surprises.

Nous sommes de plus en plus de milliards d’individus à les utiliser, toutes générations confondues.

Nous avons à notre disposition d’innombrables et merveilleux jouets électroniques, qui nous sont devenus indispensables. RS et Apps nous assistent et nous tracent, mesurent notre activité par type, nous aident

à échanger, classer ou suivre des informations, à mesurer notre état de santé, nos performances, à nous divertir, relaxer ou fournir des rencontres.

A « gérer » voire « optimiser » maison et bureau, famille, amis et relations, voire à mieux réfléchir, et parfois même à essayer de garder le fil et la tête hors de l’eau, quand trop d’électronique nous sollicite en même temps… et tout ce petit monde échange nos data pour notre plus grand confort.

Dépendance électronique

Toute cette technologie et cette intelligence artificielle est censée nous procurer du gain de temps, de la satisfaction, du bien-être, de l’expérience individuelle positive. Aucune communication professionnelle, qu’elle soit interne ou externe, ne peut désormais faire l’impasse sur ces canaux, et notre temps de consommation des écrans est en hausse dans tous les domaines. Nous sommes devenus électroniquement assistés, et dépendants de cette assistance.

Les jeunes générations elles aussi surconsomment les écrans, allant jusqu’à se retrouver à plusieurs pour s’envoyer en flux continu images et textes, sans une parole ni un regard échangés. Au sein des organisations, l’empilage de mails de bureau à bureau, les combats par écrit avec copie terre entière, et la sursollicitation des outils technologiques deviennent criants et source de stress. Certaines start-ups prônent les réunions éclair et vantent leur efficacité. Dans les faits, ils montrent un rassemblement d’ordinateurs où chacun échange avec ses collègues à la même table via messagerie. Le top.

Pourtant, les études continuent à démontrer que, alors que notre consommation de tous ces merveilleux outils augmente, notre satisfaction baisse, avec un lien direct de corrélation. Les pontes de la Silicon Valley le savent bien, qui sont les premiers à limiter le temps d’écrans de leurs enfants, et à dénoncer les méfaits de leurs propres créatures quand ils quittent le navire.

Mais alors, qu’en est-il de la relation d’humain à humain ?

L’interface IRL au secours des dysfonctionnements

Si un éloignement géographique peut justifier l’usage de canaux de remplacement, sur le moyen comme sur le long terme, la relation a besoin de revenir IRL pour être nourrie.

Meetic, Meet-Up et Shapr l’ont bien compris, qui ont basculé ou se sont initiés sur des modèles événementiels / IRL. Pour remédier à la chute des ventes dans le commerce de proximité, la digitalisation des points de vente, si elle est séduisante, ne semble pas être la réponse, quand l’animation en magasin ou la vente en réunion restent des valeurs sûres. L’« expérience client » reste plus valorisée et considérée comme plus positive lorsqu’elle est partagée : elle procure des satisfactions plus grandes et plus durables, et, en générant des marqueurs émotionnels forts, crée de réels souvenirs.

Les digital detox sont en vogue, et pour cause : arrêter les écrans, se recentrer sur soi et les autres, retrouver des plaisirs simples, sont devenus une bouée de sauvetage essentielle. La nature, la relation, la méditation viennent au secours des addicts.

La réunionnite qui a gangrené les grandes organisations a été beaucoup critiquée, et à juste titre. Certes, elle est contre-productive, mais quelques règles simples, partagées et maintenues, permettent de faire le tri dans les réunions essentielles, et surtout de réellement avancer le débat et le projet, en s’appuyant sur l’intelligence collective, dont on redécouvre enfin la valeur.

Malgré tous les outils technologiques de pointe, les dysfonctionnements administratifs ou logistiques sont plus souvent qu’à leur tour palliés par la force du réseau d’entraide interne. Ce réseau d’entraide s’appuye sur des liens durables, créés par des interactions et des échanges IRL. Interrogez vos collègues : ce ne sont pas trois échanges par messagerie qui leur ont donné envie d’aider le camarade dans l’embarras, mais bien parce qu’ils ont échangé, par téléphone ou en face-à-face, bien avant la crise.

Des « trucs de vieux » comme meilleurs alliés ?

Téléphone, machine à café, cigarette, jeux de société, déjeuner, des trucs de vieux me direz-vous ?

Au bureau, l’accumulation de mails est fondée trop souvent sur la mécompréhension, l’interprétation erronnée, la peur de se faire prendre en faute, ou encore l’excès de zèle.

Une simple discussion de quelques minutes, par téléphone ou encore mieux, en face à face, permettra bien souvent de gagner un temps précieux et de trouver une solution commune. Evitant ainsi un procès d’intention long et stérile, et des relations irrémédiablement endommagées.

Et combien de partenariats, d’alliances, de projets bénéfiques lancés dans une discussion impromptue à la fontaine à eau, la machine à café ou la pause cigarette ?

Curieuse addiction que cette dernière qui, toutes choses égales par ailleurs, génère du contact social réel et abat silos et cloisons ! Loin des regards et des oreilles de la hiérarchie ou de l’open space, constituerait-elle  le dernier bastion de socialisation au sein des organisations ?

Loin de moi l’idée d’encourager à la consommation de tabac, mais que l’on me jette la première pierre si jamais un non-fumeur de votre connaissance ne s’est incrusté dans ce type de pause et n’a mis à profit cette réunion informelle.

Les pros de la médiation et du réseau comme les meilleurs commerciaux et avocats le savent bien : un rendez-vous, une rencontre IRL, une négociation face à face, s’avèrent diablement plus efficaces qu’une conf call ou visioconf, voire qu’un procès. Idéalement autour d’un café, d’une assiette ou d’un verre – là où la légendaire convivialité de notre « exception française » s’exprime finalement le mieux.

Et face aux investissements majeurs des jeux vidéo, dont l’orientation marché est de plus en plus individuelle, avec 50% annoncé sur mobiles en 2018, teambuidling, escape games et jeux de société, qu’ils soient « party games » ou « jeux d’ambiance », temps passés en collectivité, continuent d’avoir le vent en poupe et à juste titre : ils créent du lien.

Penser le futur humain : créer du lien

Agile, Lean, Kanban… ne disent pas le contraire. Alliant souvent serious games, ateliers collaboratifs, jeux de rôle, de plateaux et de cartes, ils font avancer la révolution douce des modèles dysfonctionnants, en créant la remise en question et la création de solutions collectives par la rencontre, l’échange et le partage.

Les villes et les organisations repensent l’intégration sociale par des activités communes : jardins, ateliers et immeubles collaboratifs, covoiturage, aide transgénérationnelle ou de proximité fleurissent. Dans les milieux professionnels, cela s’appelle mentoring, apprentissage, actions RSE, conciergerie… et le Future of Work est en question. Tout est à réinventer, mais finalement les bases existent déjà.

Humaine et donc sujette à paradoxes, avec un soupçon de provocation, je rêve d’une app. Une app qui mesurerait notre temps d’interaction réel par rapport à notre temps d’écrans, et nous récompenserait de notre temps d’interface IRL.

Et vous ? De quoi rêvez-vous ? Discutons-en autour d’un café !

A vous la parole !

* Source : https://www.webmarketing-conseil.fr/classement-reseaux-sociaux/